Dans les yeux d’Umy

Je retrouve Ulane à l’ascenseur du treizième. Elle sent directe qu’un truc ne va pas et quand on entre au Bronx, le bar où nous devons rejoindre nos amis, elle est collée à moi. Mon pote Ulric m’adresse un clin d’œil. Je sais, ça va être dur. Après quatre mois, elle ne semble pas du tout avoir l’intention de rompre. Mais pour moi, il est temps.

— Je paye la première tournée, annoncé-je en franchissant le seuil. Va avec les autres.

Ma future ex part s’installer sur une banquette en demi-cercle. Je me tourne vers le bar, cherche la personne de service des yeux. J’espère que ce n’est pas un Netra. C’est rare E14 mais ça arrive de temps en temps. Un mec est à l’autre bout du comptoir, je l’appelle :

— S’il vous plait ?

Il se retourne

Putain qu’il est beau.

Il m’adresse un sourire poli. Je réalise que je suis bouche ouverte en train de le dévisager. Tout réagit en moi quand il approche. Tout, jusqu’à mon entrejambe.

Bordel, qu’est-ce qu’il se passe ?

— Je vous sers quoi ?

Il a des yeux vert clair et des cheveux blonds rassemblés en longue natte dans le dos. Rasé de près… Oh, bordel… Il est beau à tomber et sa voix fait remonter un frisson le long de ma colonne. Je bafouille, incapable d’aligner trois mots cohérents. Il sourit plus franchement. Ne fait pas ça, mec ! Je ne sais même plus ce que j’allais demander.

Le choc est violent. Je ne comprends pas. Je sais, mais le cerveau en vrac, je n’arrive qu’à répondre à son sourire. Aucun mot n’est à la hauteur pour décrire tout ce qu’il éveille en moi, là.

Il détourne le regard un instant et se mord la lèvre inférieure.

Putain ! J’inspire et ferme les yeux. Je n’ai jamais perdu mes moyens devant personne comme ça. Enfin, j’arrive à articuler ma commande. Je reste au comptoir sous le prétexte d’attendre les verres. En vrai, mes jambes refusent de s’éloigner. Alors je profite de la vue de son superbe cul qui se promène derrière le bar pour préparer les boissons. Tout son corps est fin mais l’assurance de ses gestes me hurle qu’il est musclé à souhait sous sa tenue de service.

C’est con, il prépare la commande trop vite, mettant fin à ma contemplation béate.

— Vous voulez quelque chose d’autre ?

Ton contact, ton odeur, ta peau… Toi, dans mon lit.

Je rougis.

— Non, ça va, merci.

Je règle la note d’un coup de scan, prend le plateau sans perdre de vue la longue natte du serveur. Deux mains m’enlacent dans le dos :

— Un coup de main, minou ?

— Hein ?

Le plateau m’échappe et se fracasse par terre. Les copains se mettent à applaudir et se moquent. Je me force à rire avec eux. Ulane vient d’éclater ma bulle et s’exclame :

— Pardon Minou ! Je t’ai fait peur !

— C’est fini.

Elle me dévisage. Merde. Qu’est-ce qui me prend ?

— Umy, qu’est-ce que…

— C’est fini. Nous deux, c’est terminé.

— À… À cause de… du plateau ?

— Bien sûr que non ! Je t’aime bien, mais je ne suis pas amoureux de toi. Tu mérites de consacrer ton temps à quelqu’un qui t’aimera vraiment et envisagera de te passer la bague au doigt avant le tirage. Ce ne sera pas moi. Désolé, Ulane.

Ses yeux s’emplissent de larmes. Même Ulric écarquille les yeux en secouant la tête genre : « Mais qu’est-ce que tu fou ? ». Ouai, je sais. Trop tard. C’est fait !

Je perçois un mouvement sur le côté. Le serveur vient pour nettoyer ma connerie. Avant d’avoir calculé quoi que ce soit, je suis accroupi pour ramasser les bouts de verres avec lui. Il secoue la tête :

— N’y touchez pas, vous risquez de vous couper. Prenez l’autre plateau, le patron vous le prépare.

Je plonge dans ses yeux pâles. Mon cœur fait une embardée, un raté, oublie de battre pendant quelques secondes et part dans une course folle. Je me croirais en plein sprint pour marquer un essai décisif sur le terrain. Je me concentre sur les bouts de verre, bien décidé à l’aider sans me blesser. J’ai eu l’air assez maladroit comme ça !

— Laissez, je vous dis. Le turbo va éponger le…

— Mais enfin qu’est-ce qui t’a pris de la larguer comme ça ? me reproche la nana de la semaine d’Ulric.

Elle n’attend pas ma réponse, part après Ulane.

Je la regarde faire sans bouger alors que le serveur pose sa main sur la mienne. Elle est chaude. Je ferme les yeux pour en apprécier le contact.

— Sérieux, va rejoindre tes potes, c’est mieux.

Il retire sa main. Déjà ? Non ! Trouve quelque chose à dire, Cliron !

— J’ai foutu une sacrée pagaille.

— Hum… C’était une drôle de façon de larguer ta copine.

— Au moins, ce n’est plus ma copine.

— C’était prévu ?

— Pas si tôt dans la soirée, mais oui.

Il se passe la langue sur les lèvres. Je lui tends la main pour lui proposer de serrer la mienne.

— Umy.

Il a un demi-sourire charmant et charmeur. Je ne me suis jamais, mais alors jamais retourné sur un garçon. Mais alors celui-là… Il est mon exception. C’est une évidence, un tournant dans ma vie. Je ne sortirai pas d’ici sans avoir son contact enregistré dans ma montre. Une pensée me glace. Non, deux. S’il est en couple ? Pire, s’il est hétéro ? Attends, c’est ma description y’a encore moins de deux minutes, ça… Mes pensées vont beaucoup trop vite. Enfin, il s’essuie la main sur son tablier et serre la mienne :

— Valentin.

C’est trop long, comme poignée de main. Au moins, mon cerveau cesse de turbiner pour se figer dans l’instant. Je me racle la gorge quand je sens son étreinte se desserrer. Je ne veux pas le lâcher.

Bordel Umy, ressaisis-toi !

Finalement, je l’aide au maximum. Je pourrais éponger le sol avec mon tee-shirt s’il me le demandait. Je pars aux toilettes me laver les mains collantes d’alcool pour reprendre mes esprits. Pauvre de moi. Valentin. Jusqu’à son prénom me fait tourner la tête. C’est mon nouveau prénom préféré.

— Ça va ?

Je sursaute. Ce n’est qu’Ulric.

— Oui-oui, ça va.

— Je croyais qu’on devait la jouer cool avec Ulane ? C’était plutôt brusque, là, non ?

— Ouai. Mais on peut commencer la bringue plus tôt !

Ulric sourit, passe un bras autour de mes épaules :

— Tu l’as dit, mec ! C’est parti !

Le bar se remplit avec la soirée qui avance. J’ai faim. Je vais au bar. La moindre commande, je me suis déplacé au bar. Il est là pour servir toute la soirée. Si je pouvais, je passerais la soirée avec lui au bar.

Mais il y a les autres clients. Et les copains.

Je n’ai jamais dragué un serveur. Ulric, oui. Enfin, des serveuses. Je n’ai pas l’habitude de draguer. Les filles viennent d’elles même, je n’ai qu’à accepter ou refuser. Valentin est repassé au vouvoiement professionnel. J’ai aimé quand il m’a tutoyé. Je veux qu’il le fasse encore.

— J’ai la dalle. Tu me conseilles quoi, sur la carte ?

Mon beau serveur retient son rire mais pas son sourire :

— On se tutoie déjà, Umy ?

— Ça dépend si tu me conseilles bien sur la carte ou pas.

Il secoue la tête, amusé. Putain qu’il est beau ! Mais ça ne suffit pas. Il est temps de savoir si tout ce cirque vaut le coup, s’il peut être intéressé par moi et s’il est dispo. J’ai repéré qu’il ne porte aucun bijou de couple, mais on ne sait jamais. Il choppe une tablette, illumine l’écran et se penche par-dessus le bar.

— Il va falloir que je te conseille le bon menu. Tu es quel genre ?

— Genre tant que c’est bon ça me va.

Il rit franchement cette fois. La mélodie du bonheur à mes oreilles ! Je me retrouve à l’étroit dans mon froc sans comprendre le pourquoi du comment. Ses yeux s’illuminent et brillent quand il me regarde à nouveau :

— T’es hétéro, mec. On n’a pas les mêmes centres d’intérêts.

— Non ! Je veux dire si, mais non, enfin…

Je ferme les yeux. Au moins, c’est cash et direct !

— C’est un problème pour me conseiller un plat, Valentin ?

Son regard se fait doux. Il se penche à nouveau.

— Disons que selon les préférences de chacun, le plat de résistance n’est pas franchement le même. Tu piges ?

C’est à double sens. Ouai, j’ai pigé. Un peu long à la détente, je reconnais. Mon cerveau est encore en compote après avoir trop chauffé à te reluquer.

— Il est bon, le burger ?

Il hausse les sourcils et se redresse :

— J’espère bien, c’est moi qui le prépare.

Il va me faire à manger. Je souris comme un con de retour.

— Il va falloir que je profite de la vue quand tu pars en cuisine, alors.

Ses lèvres s’étirent. Laisse-moi une chance, mec ! S’il te plait. Il revient vers moi :

— Fais-moi plaisir, passe la soirée avec tes potes, amuse-toi, profite. Et si à la fin de mon service tu veux toujours mon contact, je te le file.

Putain, file-le-moi direct !

— D’accord.

— Bien. Burger-frites ?

— Oui, s’il te plait. Avec service à table.

Je le reluque sans discrétion quand il s’en va de l’autre côté du bar. Ulric se plaint que j’ai été long. Il me fait chier ce soir. Il n’arrête pas de me prendre dans ses bras et de m’ébouriffer les cheveux. Aucune des deux filles n’est revenue, on se retrouve à quatre mecs. J’attends mon burger avec impatience et n’écoute que d’une oreille ce que raconte les autres.

— Allo, Umy !

Je me retourne vers Timo, un de mes autres potes. Il me regarde et s’esclaffe :

— T’as si faim que ça ?

— Il est affamé.

Je me retourne et il est là, magnifique, splendide. J’ai envie de me lever juste parce qu’il vient d’arriver. Je serre les poings pourtant, reste le cul vissé à mon siège.

— Pas trop long, l’attente ?

— Non, ça va.

Usonic, le quatrième de la bande, commande une tournée de bière au passage. Je ne suis pas contre, c’est moi qui rac depuis le début de la soirée. Et puis surtout, ça fait revenir Valentin à table.

— Attention, un petit malin m’a renversé un plateau en début de soirée.

— C’n’était pas un grand blond un peu con ? raille Timo.

— Si, un beau blond qui en a profité pour larguer sa nana au milieu de tout, ce n’était pas joli à voir.

Il a bien dit « un beau blond » ? Nouveau sprint cardiaque.

— Quelle idée hein, avec un plateau dans les mains ! enchaine Usonic.

— Il avait peut-être dans l’idée d’utiliser les bouts de verres pour se protéger si elle décidait de s’accrocher, je réplique.

— Ou bien d’utiliser le pauvre serveur à ses pieds comme bouclier, propose Valentin avec un sourire.

— J’opterais pour les bouts de verres, connaissant notre Umy, balance Ulric.

Je me retourne vers lui, fronce les yeux. Ta gueule, putain ! Valentin reprend son plateau et s’en va. Je dois me forcer pour ne pas le suivre des yeux, ce que ne se gênent pas de faire les filles sur la table à côté. Une l’appelle :

— Val !

Val ? C’est quoi, ce diminutif ? Personne n’utilise de diminutif ! C’est un manque de respect ! Il se retourne sans s’en offusquer et lui fait signe qu’il arrive avant de disparaitre. Il joue sur les deux tableaux ? C’est une habituée ? J’ai la tête ailleurs quand je mords à pleine dents dans mon burger.

Je gémis de satisfaction. C’est trop bon.

— Et ben, t’a un orgasme ou quoi ? raille Ulric.

Je prends le temps de mâcher, de déguster. Putain que c’est bon !

— C’est le meilleur burger de ma vie.

— Fais voir !

Je n’ai pas le temps de protéger mon sandwich qu’Ulric croque dedans. Je l’arrache de sa bouche en lui hurlant dessus :

— Ça va pas la tête ou quoi ? C’est mon burger !

Il a la même réaction que moi : trop bon. Ben oui, je sais, crétin ! Timo profite que je râle sur mon ami pour croquer dedans à son tour.

— Putain ! Vous le faites exprès !

— C’est vraiment orgasmique ! marmonne-t-il la bouche pleine.

Usonic se lève de la banquette, la bouche grande ouverte. J’esquive d’un bon sur le côté en râlant :

— Pas touche !

Les filles rient à côté. Valentin observe la scène avec un sourire éblouissant. Depuis quand il nous regarde ? Et puis Ulric mord un nouveau morceau de mon burger, choppe mon doigt dans sa bouche avec.

— Yeurk ! Non mais t’es sérieux ? m’offusqué-je.

D’ordinaire, je lui aurais bien tartiné la gueule avec le reste. Mais pas cette fois. J’engouffre tout dans ma bouche et le rire grave de Valentin me parvient dans mon dos.

Je me retourne. Je dois ressembler à un de ces petits rongeur de l’ancien monde, celui avec des bajoues… Un hamster ! Je lui désigne ma bouche de mon index avant de hausser les épaules, déconfit. Les copains ont mangé la moitié, quoi ! Hilare, il termine de prendre la commande des filles. En repartant, il pose main se pose sur mon avant-bras pour me murmurer :

— Je te l’offre, bébé.

J’en ai encore plein la bouche. Je ne peux même pas lui répondre qu’il est déjà au bar.

***

Les gars ont commandé un burger chacun. Val m’en a remis un avec un clin d’œil en me scannant : il ne l’a pas facturé. Ce n’était pas juste un coup de bol, le deuxième plat est tout aussi bon que le premier. Les quatre filles à côté se sont rapprochées et nous racontent qu’elles sont là pour lui. Enfin, pour sa bouffe. Il a sa petite réputation à l’étage et le bar fait deux soirées restau par mois où le Bronx ne sert que sur réservation, lorsque le patron lui laisse les commandes des cuisines.

Il y a une blondinette qui me colle dans le lot des filles. Merci, mais non merci. Ulric m’adresse des œillades d’incompréhension. Ben oui mec, moi non plus je ne m’y attendais pas, mais j’ai flashé sur le serveur. Je ne vais pas aller te le dire devant tout le monde, je ne suis pas toi qui saute sur toute opportunité de façon complètement ouverte et décomplexée.

— Bon, on monte ? propose mon ami.

— La flemme, grogne Timo. Il est chouette, ce bar.

— Je suis d’accord, dis-je rapidement.

— C’est clair, restez un peu, réclame la fille collée contre Usonic.

— On a dit qu’on montait, insiste Ulric. Venez avec nous les filles, on vous invite !

Du coup elles opinent. Non mais je rêve !

— Je dois aller aux toilettes.

Je me lève. C’est le patron qui sert au bar. Merde ! Il ne serait pas parti sans me le dire ? J’ai la main sur la porte des toilettes quand j’entends sa voix :

— A demain, Pablo !

Il arrive en marche arrière, je me mets en plein sur son passage pour qu’il me rentre dedans :

— Mince ! Pardon !

Il reste un instant stupéfait de me voir là. Bafouille un truc incompréhensible. Et ouai ! À ton tour, mec.

— Tu allais partir sans dire au revoir ?

— Tu veux toujours mon contact ?

Il semble étonné, fronce les sourcils. Il fait exprès ou quoi ?

— Je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre, souris-je en me rapprochant de lui. J’ai adoré le burger et j’aimerais vraiment que tu me fasses découvrir le reste de la carte. Je ne garantis pas d’apprécier tous les plats, mais on ne le saura pas sans avoir essayé, n’est-ce pas ?

Je suis trop près de lui. Si un de mes potes débarque maintenant, je suis grillé direct. Valentin sourit, recule à peine pour faire une manip sur son bras et attrape le mien jusqu’à ce qu’un bip retentisse.

Je l’ai. Il m’a filé son contact !

— Ce n’est pas comme si tu ne savais pas où me trouver, de toute façon.

Il semble un peu triste en disant ça. Pourquoi ?

— Attends !

Je fais la manip sur ma propre montre, lui attrape le bras pour lui filer mon contact en retour.

— Comme ça, tu pourras me trouver quand tu en auras envie.

Valentin sourit, se détourne et se retourne :

— A plus, Umy.

***

Je plante les mecs et rentre chez moi. Ulric râle mais je m’en fou. Dans l’ascenseur, je regarde la carte de contact enregistrée dans ma montre. J’hésite. Ça la fou mal de l’appeler tout de suite, non ?

Et puis merde.

J’effleure l’implant derrière mon oreille et lance l’appelle, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.

— Oui ? 

Son micro laisse passer de la musique. Il est en sortie ? Merde.

— Valentin ?

— Bébé, c’est toi ! T’as encore faim ?

Je ne sais pas trop comment le prendre. C’est encore à double sens ?

— Ça va, je voulais juste…

…Entendre ta voix. Je ne peux pas lui dire ça quand même ! Une voix roque qui lui propose un verre. Le type doit être très près de lui pour que je l’entende. Valentin accepte. La déception m’oppresse la poitrine.

— Je vais te laisser, tu es occupé.

— Attends !

Merde, c’est à moi qu’il parle ou à l’autre type ?

— Demain, t’es dispo comment ?

À moi. Je souris.

— J’ai l’aprèm et la soirée de libre.

— Super. J’embauche à dix-huit heures. On se retrouve à quatorze, au huitième, station Balabi ?

Il me file un rendez-vous. Un rendez-vous ! Je brandis les bras en l’air alors que la porte de l’ascenseur s’ouvre sur la station. Un couple de vieux me regarde d’un drôle d’air en me voyant.

— Quatorze heures, station Balabi, sans faute.

— Habille-toi chaud, rit-il. À demain, Umy.

— Bonne nuit, Valentin.

Il y a un blanc alors que je sors de la station. La musique que je percevais en fond de son côté a disparu.

— J’y compte bien, répond-il enfin. Je vais sans doute me marrer dans mon sommeil en rêvant à un grand blond un peu maladroit.

Par Andromède ! Je m’arrête sur le premier banc qui se présente.

— La maladresse, hein ? C’est tout ce que tu as retenu de la soirée ?

— Non. J’ai repéré une belle carrure aussi. Et un sourire charmeur.

Je ne sais plus quoi dire, prend une seconde pour me lancer :

— Je crois que j’ai rencontré un gars un peu dans le même style. Il a des yeux verts époustouflants et un rire qui me plait bien. En plus, il m’a fait à manger. C’était super bon.

Je suis récompensé par son rire dans mon oreille.

— Bonne nuit, Umy. À demain.

— Bonne nuit, Valentin.

J’attends le bip de fin de communication qui ne vient pas.

— Tu ne coupes pas ?

Il rit encore. J’adore.

— J’attendais que tu le fasses, en fait.

Putain, c’est n’importe quoi. Je n’ai jamais attendu qu’une fille coupe pour terminer un appel !

— C’est toi qui as dit bonne nuit en premier, souris-je tout seul.

— C’est vrai, deux fois déjà.

— Et tu es en sorti.

— Les plans de ma soirée viennent de changer, en fait.

— Ah oui ?

— Oui.

— Pourquoi ?

Il respire fort.

— J’ai un rendez-vous demain. Faut que je sois en forme.

Je souris encore plus.

— Vivement ce rendez-vous alors, ça a l’air important.

— Ne fais pas de plan sur la comète, Umy. Je ne suis pas ce genre d’homme.

— Ce qui veut dire ?

— Je t’expliquerai demain, si tu te pointes.

Alors là, je suis paumé. Je fronce les sourcils.

— Je serais là. Viens, toi aussi.

— Oh, j’y serai, bébé. J’y serai.

©2023 Ludivine Suzan – Tous droits réservés

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